DOCERE

Charles Péguy

« La foi que j’aime le mieux, dit Dieu, c’est l’espérance. »

— Charles Péguy, Le Porche du mystère de la deuxième vertu, p. 1

« Car les enfants sont plus mes créatures.
Que les hommes
Ils n’ont pas encore été défaits par la vie.
De la terre. »

— Charles Péguy, Le Porche du mystère de la deuxième vertu, p. 2

« Quelle ne faut-il pas que soient ma grâce et la force
de ma grâce pour que cette petite espérance,
vacillante au souffle du péché, tremblante à tous
les vents, anxieuse au moindre souffle,
soit aussi invariable, se tienne aussi fidèle, aussi
droite, aussi pure; et aussi invincible, et immortelle, et
impossible à éteindre; que cette petite flamme du
sanctuaire. »

— Charles Péguy, Le Porche du mystère de la deuxième vertu, p. 5

« Nous qu’est-ce que nous devenons.
Qu’est-ce que nous sommes devenus.
Qu’est-ce que nous savons.
Qu’est-ce que nous pouvons.
Qu’est-ce que nous faisons.
Qu’est-ce que nous avons.
Nous n’avons jamais que des innocences réparées.
Et eux ils ont l’innocence première.
Et en supposant le mieux, en allant au mieux, en mettant tout pour le mieux nous ne serions jamais que des innocences conservées.
Mais eux ils sont l’innocence première. »

— Charles Péguy, Le Porche du mystère de la deuxième vertu, p. 25

« A celle qui est infiniment droite.
Parce qu’aussi elle est infiniment penchée. »

— Charles Péguy, Le Porche du mystère de la deuxième vertu, p. 39

« A celle qui est infiniment céleste.
Parce qu’aussi elle est infiniment terrestre. »

— Charles Péguy, Le Porche du mystère de la deuxième vertu, p. 42

« A toutes les créatures il manque quelque chose.
Non seulement qu’elles ne sont point le Créateur,
Dieu leur créateur.
(Ceci c’est dans l’ordre.
C’est l’ordre même).
Qu’elles ne sont point leur propre Créateur. »

— Charles Péguy, Le Porche du mystère de la deuxième vertu, p. 47

« Dans des cœurs qui se brisent Une parole est conservée, est nourrie Qui ne se brisera éternellement pas,
Dans des cœurs fragiles une parole qui se retrouvera toujours. »

— Charles Péguy, Le Porche du mystère de la deuxième vertu, p. 62

« Aussi, soit qu’il nous parlât et qu’il nous ait parlé directement,
Soit qu’il nous ait parlé par paraboles,
Que nous nommons en latin des similitudes,
Puisqu’il n’était point venu pour nous dire des fariboles,
Puisque toujours il nous a parlé directement et pleinement
Au pied de la lettre,
Au ras du mur,
Toujours aussi en réponse nous aussi nous devons l’écouter et l’entendre au pied de la lettre. »

— Charles Péguy, Le Porche du mystère de la deuxième vertu, p. 70

« Il faut avoir confiance en Dieu, il a bien eu confiance en nous.
Il faut faire confiance à Dieu, il nous a bien l’ait confiance à nous.
Il faut faire espérance à Dieu, il nous a bien fait espérance à nous.
Il faut faire crédit à Dieu, il nous a bien fait crédit à nous.
Quel crédit.
Tous les crédits.
Il faut faire foi à Dieu, il nous a bien fait foi à nous. »

— Charles Péguy, Le Porche du mystère de la deuxième vertu, p. 73

« Voilà, mon enfant, quel secret. Voilà quel mystère. Voilà quelle grandeur, (cachée), quelle source incroyable de grandeur il y a dans cette pénitence.
Dans cette honteuse pénitence. Secrètement, publiquement honteuse et réellement
Peut-être la plus glorieuse de toutes. C’est qu’une pénitence de l’homme
Est un couronnement d’une espérance de Dieu. »

— Charles Péguy, Le Porche du mystère de la deuxième vertu, p. 81

« Celui qui aime tombe dans la servitude de celui qui est aimé. »

— Charles Péguy, Le Porche du mystère de la deuxième vertu, p. 84

« Ainsi Dieu dans les siècles des siècles a remis son espérance A la discrétion du dernier des pécheurs. »

— Charles Péguy, Le Porche du mystère de la deuxième vertu, p. 87

« Il y aura de la joie devant les anges de Dieu,
Sur un pécheur faisant pénitence. »

— Charles Péguy, Le Porche du mystère de la deuxième vertu, p. 94

« Mais en vérité celle-ci est une dévergondée.
Elle tient l’homme au cœur, en un point qu’elle sait, et ne le lâche pas. Elle n’a pas peur. Elle n’a pas honte. Et si loin qu’aille l’homme, cet homme qui se perd, En quelque pays, En quelque obscurité, Loin du foyer, loin du cœur,
Et quelles que soient les ténèbres où il s’enfonce, Les ténèbres qui voilent ses yeux, Toujours une lueur veille, toujours une flamme veille,
un point de flamme. Toujours une lumière veille qui ne sera jamais mise
sous le boisseau. Toujours une lampe. Toujours un point de douleur cuit. »

— Charles Péguy, Le Porche du mystère de la deuxième vertu, p. 102

« Une belle eau lorraine, une âme d’une belle eau et la source même de l’espérance.
Que ce soit juste avec cette matière, avec ces innom- brables jours mauvais qui pleuvent et qui pleuvent
Qu’ils fassent, qu’ils jaillissent, qu’ils fassent sortir, qu’ils fassent jaillir cette source même de l’espérance.
Cette innombrable source et ce fleuve innombrable.
Ce fleuve le plus grand de tous mes fleuves.
Le seul grand. »

— Charles Péguy, Le Porche du mystère de la deuxième vertu, p. 106

« Toutes les sauvageries du monde ne valent pas un beau jardin français. »

— Charles Péguy, Le Porche du mystère de la deuxième vertu, p. 111

« Peuple honnête, peuple de jardiniers c’est lui qui fait pousser les plus belles âmes De sainteté. »

— Charles Péguy, Le Porche du mystère de la deuxième vertu, p. 111

« Des sources d’âme avec de la vieille âme. De l’eau fraîche avec de l’eau tiède.
Malheur à celui qui est tiède. »

— Charles Péguy, Le Porche du mystère de la deuxième vertu, p. 117

« Pourriture sèche qui empoisonne
Qui ose empoisonner le pain même.

Quand je regarde vos champs, Français,
Puissiez-vous désherber ainsi
Vos âmes aussi
De toute cette mauvaise herbe du péché.
De cette carie, de cette odieuse qui ronge
Le Pain Éternel »

— Charles Péguy, Le Porche du mystère de la deuxième vertu, p. 124

« Je parle de ceux qui travaillent, et qui
ainsi En ceci suivent mon commandement, les pauvres
enfants. Et qui d’autre part n’ont pas le courage, n’ont pas la
confiance, ne dorment pas.
Je les plains. Je leur en veux. Un peu. Ils ne me font
pas confiance. »

— Charles Péguy, Le Porche du mystère de la deuxième vertu, p. 138

« Remettez à demain Ces soucis et ces peines qui aujourd’hui vous rongent
Et aujourd’hui pourraient vous dévorer. Remettez à demain ces sang-lots qui vous étouffent Quand vous voyez le malheur d’aujourd’hui. Ces sanglots qui vous montent et qui vous étranglent. Remettez à demain ces larmes qui vous emplissent les yeux et la tête.
Qui vous inondent.
Qui vous tombent.
Ces larmes qui vous coulent.
Parce que d’ici demain, moi, Dieu, j’aurai peut-être passé. »

— Charles Péguy, Le Porche du mystère de la deuxième vertu, p. 139

« Ô nuit, ô ma fille la Nuit, toi qui sais te taire, ô ma fille au beau manteau.
Toi qui verses le repos et l’oubli. Toi qui verses le baume, et le silence, et l’ombre
Ô ma Nuit étoilée je t’ai créée la première.
Toi qui endors, toi qui ensevelis déjà dans une Ombre éternelle
Toutes mes créatures
Les plus inquiètes, le cheval fougueux, la fourmi laborieuse,
Et l’homme ce monstre d’inquiétude.
Nuit qui réussis à endormir l’homme
Ce puits d’inquiétude.
A lui seul plus inquiet que toute la création ensemble.
L’homme, ce puits d’inquiétude.
Comme tu endors l’eau du puits.
Ô ma nuit à la grande robe
Qui prends les enfants et la jeune Espérance
Dans le pli de ta robe
Mais les hommes ne se laissent pas faire.
Ô ma belle nuit je t’ai créée la première.
Et presque avant la première
Silencieuse aux longs voiles
Toi par qui descend sur terre un avant goût
Toi qui répands de tes mains, toi qui verses sur terre
Une première paix
Avant-coureur de la paix éternelle.
Un premier repos
Avant-coureur du repos éternel.
Un premier baume, si frais, une première béatitude
Avant-coureur de la béatitude éternelle.
»

— Charles Péguy, Le Porche du mystère de la deuxième vertu, p. 148